samedi 24 janvier 2009

Le sujet du permis de conduire





« Eh les gars, ça y est, j’ai eu mon permis ! »

Passé un certain âge, le permis de conduire est un sujet qu’il faut amener avec précaution. L’assistance se divise en trois catégories.

Les provinciaux et/ou acharnés
Ceux-là ont obtenu leur permis à 18 ans et deux jours. Ils expliquent que la maîtrise d’un véhicule motorisé était une question de survie. Un peu comme les personnes qui vivent dans des pays en guerre ou dans des villes assiégées ; ils n’avaient pas le choix, pas question de tergiverser, il fallait l’avoir, un point c’est tout.
Dans la même catégorie, une espèce tout à fait différente : les acharnés. « De toute façon, c’est indispensable, il faut absolument avoir son permis dans la vie, donc autant faire ça au plus vite, tu vois, pour être débarrassé. J’ai demandé à mes parents la conduite accompagnée à 16 ans, et comme ça bim, 2 ans après on en parlait plus. » Ceux-là ont également ouvert un Livret A pour leurs enfants à naître d’ici 5 à 7 ans.

Les résignés
C’est le gros de la masse. Les membres de cette catégorie n’étaient pas forcément pressés de passer tout leur temps libre dans une salle obscure de 3m2 où un moniteur au pantalon déchiré à l’entrejambe fait réviser les questions du code de la route. Il a fallu un événement déclencheur pour qu’ils se décident à s’inscrire : une situation dangereuse (Greg s’est endormi dans son vomi, Jacques ne se souvient plus où il habite, et vous n’avez pas le permis), une situation frustrante (« Tata Renée ne se sert plus de sa voiture, elle m’a dit qu’elle voulait te la donner, c’est sympa, non ? Ah mais oui, que je suis sotte, c’est vrai que t’as pas ton permis… »), une situation dos au mur (« Parfait, vous commencez en septembre, bienvenu chez Joston&Co ! Vous avez votre permis bien sûr ? »). Ils ont donc fini par obtenir ce laissez-passer vers une vie meilleure, parfois au prix d’une addiction au Lexomil, mais ils l’ont eu.

Les autres
Et il y a les autres, ceux qui ne l’ont pas encore. Ce sont également des résignés, puisqu’il sont inscrits (parfois depuis 10 ans). Mais ils se distinguent de la catégorie ci-dessus en ce que cette démarche ne s’est jamais soldée par le terme « Favorable », mais au contraire par « Ajourné », « AJR » pour les inspecteurs les plus sadiques. Derrière chaque « autre » se cache une blessure, une histoire terrible liée au permis de conduire. Le sujet est lancé au cours d’une soirée, un garçon d’une trentaine d’années quitte la salle. « C’est Farid, il a passé son permis sept fois… Il s’est réinscrit en repayant tout, il en est à 4000 euros. Il a dû hypothéquer l’appart de sa mère… Non mais c’est pas de ta faute, tu pouvais pas savoir… ».

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