jeudi 30 avril 2009

La classique



Il y a toujours des moments où on est un peu mal à l'aise dans le métro.
(Note : l'auteur fait une légère fixation sur le métro, c'est vrai. C'est tout simplement parce que c'est le seul moment de sa journée où il lui est donné de croiser d'autres êtres humains. Merci de votre indulgence.).
Exemples :
- Quand quelqu'un rentre dans le wagon et demande une pièce de monnaie siouplé, on a toujours le réflexe de regarder dans son portefeuille en se disant "c'est vrai ça, est-ce que j'ai de la monnaie pour m'acheter un petit financier", et bien sûr, ce n'est pas le moment de compter ses sous, parce que la personne va évidemment croire que c'est pour elle qu'on cherche, alors que non.
- Quand on rentre dans le métro avec un copain qui va dans la direction opposée, et qu'on continue à se parler chacun sur son quai. C'est toujours la rame du copain qui arrive en premier : on fait au revoir, pour peu qu'on soit un peu bourré on fait semblant de descendre un escalier imaginaire, on court sur le quai quand le train démarre, on rigole avec l'autre qui fait des signes à travers la vitre, et quand on se retrouve tout seul sur son quai avec les autres voyageurs qui vous regardent l'air navré, on est comme un con.
- Quand on est sur le quai à attendre le métro, et qu'on voit un copain sur le quai d'en face. On crie : "Youhou !", tout le monde a entendu, sauf le copain en face. On insiste : "Youhou ! Poufi !" (c'est souvent un surnom ridicule), mais on n'arrive toujours pas à attirer son attention. Alors on sort son téléphone et on l'appelle, prêt à faire de grands signes en disant : "Je suis en face ! Regarde !"), et là on voit Poufi qui sort son téléphone de sa poche, qui regarde le nom s'afficher, et qui remet le téléphone dans sa poche. Et on fait semblant de ne pas remarquer les trois ados qui ont suivi toute la scène et qui se bidonnent franchement.
Je serais tentée de dire "vie de merde", mais c'est déjà pris. Les salauds.

mercredi 22 avril 2009

Ingrats



Station Miromesnil, je marche vers la correspondance pour la ligne 9. Je dépasse le 1er escalier sans le prendre parce que je sais que plus loin, il y a un escalator (god bless les escalators). Dans ma rêverie, je ne remarque pas que les flemmards qui se dirigeaient comme moi vers l'extrémité du quai sont maintenant entrain de rebrousser chemin. Et pour cause : l'escalator est en panne, une barrière en empêche l'accès (god damn les escalators en panne). Je fais demi-tour en me disant, furieuse, que les deux types de devant auraient pu me prévenir et me dispenser des 20 mètres qui m'ont amené au triste constat. C'est alors que je croise un jeune couple qui arrive en sens inverse :
"L'escalator ne marche pas", leur dis-je, bonne samaritaine.
Ils me regardent sans un mot, interdits.
"L'escalator, il est en panne !" Pas de réaction. "The escalator is broken, kaput, non funziona !", je fais des grands gestes, je mime la mort, j'y mets tout mon coeur.
Le jeune homme finit par me dire : "D'accord... Mais on allait juste s'asseoir sur les sièges, là, derrière vous...".
...
"Oui, ben c'était pas très clair", dis-je en tournant les talons.

mardi 21 avril 2009

Sans voix.

Je suis allée voir Let's make money avant-hier, un documentaire sur le système financier qui te donne envie d'en finir et de mettre ta tête dans le four une bonne fois pour toutes. Mais ce qui me fait penser que notre monde est vraiment foutu, c'est ça :

mardi 14 avril 2009

«C’est qui Barack Obama ? C’est ton prophète ?» Oumayma, 6 ans.

Après 12 jours passés dans le Cantal avec 36 enfants originaires de Villiers-le-Bel, je me sens comme Ingrid Bétancourt après sa libération.

Précisons ici que je n’étais pas exactement la candidate idéale pour occuper la fonction d’ « accompagnatrice » :
- je n’ai ni mon brevet de secouriste, ni mon BAFA, ni quoi que ce soit qui m’autorise à être en contact avec des enfants. En général, après un week-end passé avec mon frère et ma sœur, je jure solennellement que je n’aurai jamais d’enfant.
- je ne suis jamais partie en colonie de vacances. Pire, je préférais passer des journées entières à faire du trampoline (seule), plutôt que d’aller au Club Mickey avec les enfants de mon âge.
- je n’ai jamais été en contact avec la misère sociale. Je parle ici des adultes que j'ai croisé, et non des enfants. J’ai bien regardé Star Academy quelquefois, mais même ça, c’est loin du compte.

Après 8 heures de car, et le record du vomi emporté haut la main par le petit Ajae (7 vomis au total, soit presque un toutes les heures), nous avons été accueillis par le directeur du centre, Ben, et ses deux acolytes, Armand et Anne. Nous avons découvert le monde fabuleux des professionnels de l'animation. La démarche de Ben laissait penser qu’il avait beaucoup porté de palmes dans sa vie, il était affecté par un strabisme divergent et par un sévère problème de dentition, mais l’élément le plus déterminant de son look, c’était cette minuscule queue de rat qui lui pendait dans la nuque : un millimètre d’épaisseur, 2cm de longueur, je ne sais même pas comment il faisait pour les attacher ni où il trouvait des élastiques aussi minuscules. Armand nous a souhaité la bienvenue dans une langue inconnue (« Alors nous on s’occeupe de la vie quot’ et des temps calmes, pour le 5ème repas ça se passe là-bas dans le bâtiment du fond. A teu de suite, on se retreuve après l’inventaire ! »), pendant qu’Anne enseignait sa 1ère chanson aux enfants (« Un jour dans sa cabane, un tout petit petit bonhomme… »).

Fanny, ma co-accompagnatrice et amie, et moi-même, partageons la conviction que personne ne sera vraiment en mesure de comprendre ce que nous avons vécu dans ce centre de vacances. J'invite ceux qui aimeraient en savoir plus à lire W ou le souvenir d'enfance, de Georges Perec.
Retenons cependant ces quelques leçons :

1. L'humilité

Exemple 1 : Cynthia me soutenait que les blancs ne savent pas danser, j’ai voulu faire une blague en citant Michael Jackson en contre-exemple, mais elle ne savait pas qui c’était. En revanche elle connaissait les Bee Gees, va comprendre. J’ai fait de mon mieux pour démentir ses propos, mais ma démonstration de Tectonik a été accueillie par des « Pffff… » désespérés.

Exemple 2 :
« - Tu es quoi, toi ?
- Je suis française, comme toi.
- Oui mais tes parents ils viennent d’où ?
- De France également.
- Comme Fanny ?
- Comme Fanny.
- Mais pourquoi vous êtes pas de la même couleur ?
- Parce que Fanny rentre de Thaïlande, et que moi j’ai pris un coup de soleil. »

Exemple 3 :
« - Qu’est-ce qu’elles ont tes jambes ?
- Rien, pourquoi ?
- Si, elles sont déformées !
- Mais non, ce sont mes mollets.
- Woua !!! Ils sont énormes ! »

2. La patience

Un enfant de 6 ans la nuit, ça fait pipi, ça vomit sur son doudou sans raison apparente, ça tombe de son lit. Un enfant de 6 ans originaire de Villiers-le-Bel, c’est encore plus rigolo : ça dit « putain fais chier merde » quand ça tombe de son lit, et ça fait pipi sur les murs de la salle de bain.

3. La différence

Une maîtresse de CE1, ça a le même âge mental que ses élèves (« Bérangère, tu veux pas sortir les goûters que t’as planqué dans son sac ? Ils ont faim, là. »)

dimanche 5 avril 2009

Voyage avec une classe de CP-CE1 - morceaux choisis

"- Comment il s'appelle ton doudou ?
- Jean-Pierre Benjamin.
- ... Ah... Et le tien ?
- Lascar !"

"Je vais mettre ma bite dans ton cul".
Jorgen, 8 ans, s'adressant à Maroua, 7 ans.

"La Turquie c'est super loin, c'est en Angleterre."

"Les Musulmans vont tous au Paradis, et les Chrétiens vont tous en enfer. Si, c'est mon père qui me l'a dit."
Oumayma, 6 ans.

"Le maître, il m'a décapoté".
Sukru, 6 ans, en sortant des douches.

"Et ben moi, mon papa, il me tape avec une ceinture !"
Shalini, 6 ans.

"Je te dis un secret, tu me jures que tu le répètes pas ? Quand on me fait des guilis, je fais pipi."
Doria, 7 ans.