mardi 14 avril 2009

«C’est qui Barack Obama ? C’est ton prophète ?» Oumayma, 6 ans.

Après 12 jours passés dans le Cantal avec 36 enfants originaires de Villiers-le-Bel, je me sens comme Ingrid Bétancourt après sa libération.

Précisons ici que je n’étais pas exactement la candidate idéale pour occuper la fonction d’ « accompagnatrice » :
- je n’ai ni mon brevet de secouriste, ni mon BAFA, ni quoi que ce soit qui m’autorise à être en contact avec des enfants. En général, après un week-end passé avec mon frère et ma sœur, je jure solennellement que je n’aurai jamais d’enfant.
- je ne suis jamais partie en colonie de vacances. Pire, je préférais passer des journées entières à faire du trampoline (seule), plutôt que d’aller au Club Mickey avec les enfants de mon âge.
- je n’ai jamais été en contact avec la misère sociale. Je parle ici des adultes que j'ai croisé, et non des enfants. J’ai bien regardé Star Academy quelquefois, mais même ça, c’est loin du compte.

Après 8 heures de car, et le record du vomi emporté haut la main par le petit Ajae (7 vomis au total, soit presque un toutes les heures), nous avons été accueillis par le directeur du centre, Ben, et ses deux acolytes, Armand et Anne. Nous avons découvert le monde fabuleux des professionnels de l'animation. La démarche de Ben laissait penser qu’il avait beaucoup porté de palmes dans sa vie, il était affecté par un strabisme divergent et par un sévère problème de dentition, mais l’élément le plus déterminant de son look, c’était cette minuscule queue de rat qui lui pendait dans la nuque : un millimètre d’épaisseur, 2cm de longueur, je ne sais même pas comment il faisait pour les attacher ni où il trouvait des élastiques aussi minuscules. Armand nous a souhaité la bienvenue dans une langue inconnue (« Alors nous on s’occeupe de la vie quot’ et des temps calmes, pour le 5ème repas ça se passe là-bas dans le bâtiment du fond. A teu de suite, on se retreuve après l’inventaire ! »), pendant qu’Anne enseignait sa 1ère chanson aux enfants (« Un jour dans sa cabane, un tout petit petit bonhomme… »).

Fanny, ma co-accompagnatrice et amie, et moi-même, partageons la conviction que personne ne sera vraiment en mesure de comprendre ce que nous avons vécu dans ce centre de vacances. J'invite ceux qui aimeraient en savoir plus à lire W ou le souvenir d'enfance, de Georges Perec.
Retenons cependant ces quelques leçons :

1. L'humilité

Exemple 1 : Cynthia me soutenait que les blancs ne savent pas danser, j’ai voulu faire une blague en citant Michael Jackson en contre-exemple, mais elle ne savait pas qui c’était. En revanche elle connaissait les Bee Gees, va comprendre. J’ai fait de mon mieux pour démentir ses propos, mais ma démonstration de Tectonik a été accueillie par des « Pffff… » désespérés.

Exemple 2 :
« - Tu es quoi, toi ?
- Je suis française, comme toi.
- Oui mais tes parents ils viennent d’où ?
- De France également.
- Comme Fanny ?
- Comme Fanny.
- Mais pourquoi vous êtes pas de la même couleur ?
- Parce que Fanny rentre de Thaïlande, et que moi j’ai pris un coup de soleil. »

Exemple 3 :
« - Qu’est-ce qu’elles ont tes jambes ?
- Rien, pourquoi ?
- Si, elles sont déformées !
- Mais non, ce sont mes mollets.
- Woua !!! Ils sont énormes ! »

2. La patience

Un enfant de 6 ans la nuit, ça fait pipi, ça vomit sur son doudou sans raison apparente, ça tombe de son lit. Un enfant de 6 ans originaire de Villiers-le-Bel, c’est encore plus rigolo : ça dit « putain fais chier merde » quand ça tombe de son lit, et ça fait pipi sur les murs de la salle de bain.

3. La différence

Une maîtresse de CE1, ça a le même âge mental que ses élèves (« Bérangère, tu veux pas sortir les goûters que t’as planqué dans son sac ? Ils ont faim, là. »)

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