samedi 7 mars 2009

Check-up : L’orthophoniste 1

Le cabinet de l’orthophoniste 1 était minuscule. Il était meublé d’une minuscule table et deux minuscules chaises ; c’était très bizarre, et Alice-au-pays-des-merveilles (que je n’avais jamais vraiment portée dans mon cœur) eut soudain toute ma sympathie. Je m’attendais à voir arriver une personne de très petite taille, ou un enfant déguisé en docteur. Mais non, la dame qui entra dans la pièce avait 50 ans passés, et mesurait bien 1m55 (et je ne laisserai personne dire que c’est tout petit car c’est la taille moyenne de l’ensemble de ma famille, hommes compris). L’explication était ailleurs, et je la découvris bien vite. La dame s’assit sur la toute petite chaise en face de moi, et me posa la question suivante :
« Quel âge as-tu ? »
1- J’admettais volontiers que l’âge soit une donnée médicale importante, mais cette entrée en matière me parut suspecte.
2- Elle m’avait tutoyée d’emblée ; même si je me flatte d’une certaine bonhommie naturelle, c’était inhabituel.
3- Enfin, elle avait posé cette question avec le même ton que Chantal Goya.
Qui endure tous les jours autant d’outrages dans une même phrase ? Les enfants. Orthophoniste 1 ne recevait dans son cabinet que des enfants, et elle était secouée.



Elle s’empara d’un livre dont les pages faisaient ½ centimètre d’épaisseur, et l’ouvrit sur l’illustration d’une bouche où tous les éléments clé étaient fléchés. Après m’avoir rappelé ce qu’étaient le « palais »et « la « langue », elle me proposa une série d’exercices. Le premier consistait à répéter « chou-zi » une cinquantaine de fois en exagérant les syllabes. Puis elle me mit dans la bouche une vignette attachée à un fil, et me demanda de retenir la vignette à la force de ma langue en la pressant contre le palais, pendant qu’elle tirait sur le fil. A la fin de la consultation, elle me recommanda d’écraser des chewing-gums sur mon palais dès que j’en avais l’occasion pour muscler ma langue.
J’avais des doutes sur l’efficacité de ces techniques, mais l’orthodontiste 2 avait été formelle : sans rééducation de la langue, je serais forcée de porter ma gouttière 24H/24. Or, je travaillais à l’époque chez L’Oréal. Je m’étais déjà fait surprendre entrain de somnoler en pleine réunion, je ne pouvais pas prendre le risque de baver aussi. Quel sort m’avait-elle jeté pour que je retourne encore deux fois dans son antre de Minimoys avant de prendre rendez-vous chez un autre orthophoniste ? Les restes d’une fascination morbide pour Chantal sans doute…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire